Communiqué de presse du CCNSA
Sécurité culturelle et relations respectueuses
La sécurité culturelle constitue une réponse aux obstacles systémiques et structurels, ainsi qu’aux iniquités en matière de santé qui ont eu une incidence sur l’accès aux soins de santé offerts aux peuples des Premières Nations, inuits et métis, et sur la qualité de ces soins. D’abord intégrée à l’enseignement et à la pratique des soins infirmiers en Nouvelle-Zélande, la sécurité culturelle vise à éliminer les iniquités en matière de santé auxquels sont confrontés les peuples autochtones dans tous les aspects de leurs interactions avec les systèmes de soins de santé, et incarne les principes de l’humilité, de la compétence et de la sensibilisation culturelles.
Vanté en tant que pratique exemplaire, ce modèle de soins valorise et habilite les clients en situation minoritaire et marginalisés, y compris les Premières Nations, les Inuits et les Métis, et vise à contrecarrer le déséquilibre des pouvoirs et les préjugés profondément ancrés, ainsi que les attitudes et les pratiques inéquitables de la part des fournisseurs de soins de santé en vue de garantir un environnement sûr. Il répond aux besoins uniques des clients en intégrant le respect envers leurs traditions et identités culturelles, et tient compte des obstacles systémiques et structurels qui ont une incidence sur leur accès à des services de soins de santé et sur la qualité des soins qu’ils reçoivent. Un milieu sécuritaire sur le plan culturel favorise la communication et des interactions patient-fournisseur respectueuses, qui se traduisent ultimement par de meilleurs résultats en matière de santé pour les peuples des Premières Nations, inuits et métis. Un milieu est perçu comme étant sécuritaire sur le plan culturel par les patients et les clients, et non par les praticiens et les gestionnaires.
Conçu à l’origine en tant que modèle de décolonisation de la pratique et des politiques au profit de la population autochtone en milieu de soins de santé, le concept s’est depuis élargi pour inclure d’autres populations marginalisées pouvant être confrontées à des obstacles à des soins de santé, y compris ceux fondés sur l’origine ethnique, l’âge, l’orientation sexuelle, les croyances religieuses, le sexe et les handicaps. Il s’est également élargi à d’autres milieux au-delà du secteur de la santé où des personnes marginalisées peuvent se heurter au racisme ou à la discrimination, notamment l’éducation, les services sociaux, l’emploi, la justice, le système correctionnel et d’autres secteurs.
À différents degrés, des initiatives sont en voie de mise en œuvre à l’échelle du Canada et de divers secteurs pour faire en sorte que les personnes des Premières Nations, inuites et métisses bénéficient de sécurité culturelle lorsqu’elles interagissent avec les systèmes traditionnels. Le CCNSA a priorisé la sécurité culturelle et les relations respectueuses en tant qu’un de ses principaux piliers, et met à profit de nombreuses ressources visant à accroître la capacité des praticiens, des dirigeants politiques et des décideurs de fournir des services axés sur l’antiracisme, respectueux et sécuritaires sur le plan culturel.
Nous devons traiter le racisme à l'égard des peuples autochtones comme une crise de santé nationale
Décembre 2020
Il est temps de reconnaître et de traiter le racisme envers les peuples autochtones comme une crise de santé, déclare, leader académique du Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA).
la Dre Margo Greenwood, leader académique du Centre de collaboration nationale de la santé autochtone. « In Plain Sight » (lien en anglais), par la Dre Mary-Ellen Turpel-Lafond, publié cette semaine par le gouvernement de la Colombie-Britannique, souligne que la discrimination est une réalité douloureuse à la fois pour les Autochtones qui cherchent à se faire soigner et pour les travailleurs de la santé autochtones en Colombie-Britannique. Les femmes et les filles autochtones sont touchées de manière disproportionnée.
« Il s'agit d'un enjeu national. Nos systèmes de santé sont le reflet de notre société dans son ensemble », déclare Mme Greenwood. « La société continue de perpétuer le racisme contre les peuples autochtones. Il n'est donc pas surprenant que le racisme systémique soit omniprésent dans les systèmes de soins de santé de ce pays. Le nombre d'incidents inquiétants en Colombie Britannique documentés dans ce rapport en est la preuve. Comme l'est le traitement honteux de Joyce Echequan dans un hôpital québécois. »
Les organisations gouvernementales et de soins de santé sont invitées à soutenir et à mettre en œuvre immédiatement les 24 recommandations du rapport. Mme Turpel-Lafond appuie ses recommandations sur la Déclaration des Nations Unies (UNDRIP) sur les droits des peuples autochtones. Cette Déclaration affirme clairement le droit des peuples autochtones à des soins de santé sans discrimination. Son rapport renforce également les appels à l'action de la Commission Vérité et Réconciliation et les appels à la justice de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. « In Plain Sight » recommande au gouvernement fédéral d'adopter une législation sur la santé spécifique aux Autochtones, incluant la sécurité culturelle et l'antiracisme comme principes du système de santé canadien. Le droit des Autochtones à la santé doit être affirmé et leur autorité sur nos services de santé doit être facilitée.
« Nous devons construire et soutenir des relations respectueuses entre tous les peuples, qu'ils soient Autochtones ou non. Le travail que nous faisons aujourd'hui va avoir un impact sur la vie des générations à venir. C'est pour eux que nous devons faire mieux », insiste Mme Greenwood.
« C'est un signal d'alarme pour tous les Canadiens. Nous devons nous informer sur les Premières nations, les Inuits et les Métis et sur l'histoire coloniale du Canada. Cela ne va pas être facile. En tant que sociétés et personnes, nous devons aujourd'hui prendre en compte les injustices du passé. Nous ne voulons pas perpétuer ces injustices à l'avenir. Nous connaissons maintenant les conséquences du racisme systémique. Il est temps d'agir. Nous avons besoin que notre système de soins de santé soit responsable pour assurer une société plus saine et plus équitable pour tous. »
— la Dre Margo Greenwood, leader académique du Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA)